Edito du Bulletin de janvier 2009
2009, année Darwin
L’année 2009 promet d’être riche en événements commémoratifs. En effet, 2009 marque à la fois le 200ème anniversaire de la naissance de Charles Darwin et le 150ème anniversaire de la parution de son œuvre majeure « L’origine des espèces ».
Le 12 février 1809, Susannah Darwin, née Wedgwood, met au monde le petit Charles, cinquième d’une fratrie de six enfants. Il est le fils de Robert Darwin, médecin et financier prospère et le petit-fils d’Erasmus Darwin (1731-1802), médecin et poète, célèbre pour ses nombreuses recherches et son ouvrage « Zoonomie » qui influença Charles.
Tout individu un tant soit peu cultivé se rappelle les cinq années de circumnavigation(27-12-1831 – 2-10-1836) que Darwin a passé sur le Beagle commandé par Robert FitzRoy. Avant le départ, celui-ci lui avait remis le premier volume des « Principles of Geology » de sir Charles Lyell (1797-1875) qui défendait la théorie du gradualisme en opposition à celle du catastrophisme de Hutton.
Après cette riche expérience, Charles Darwin, hypocondriaque, se retire loin des fureurs de Londres et entreprend son œuvre gigantesque. Il en sortira en 1859 son ouvrage le plus célèbre : « L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la lutte pour l’existence dans la nature ».
Jamais théorie ne provoqua autant de débats, de controverses. L'évolution par la sélection naturelle fut largement discutée, voire dénigrée, particulièrement dans les communautés religieuse et scientifique .Il fallut attendre la redécouverte des lois de Mendel sur l’hérédité pour que la majorité de ses pairs accepte sa théorie.
Malheureusement, la loi du mieux adapté transformée par celle du plus fort fut récupérée à des fins politiques ou sociales C’est ainsi que son cousin Francis Galton appliqua ses conceptions à la société humaine et promut l’idée d’une amélioration héréditaire par l’eugénisme. D’autres part, le courant d’idées issues de Thomas Maltus et d’Herbert Spencer, a appliqué la notion de « survie du plus apte » aux sociétés, aux nations et aux entreprises. A la fin du XIXe siècle et durant le XXe siècle, ces déviations ont été utilisées pour défendre diverses perspectives idéologiques, y compris l’économie du laissez-faire, le colonialisme, le racisme et l’impérialisme.
Dans le domaine religieux, le darwinisme fut toujours combattu par la mouvance intégriste des différentes églises, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes. Rappelons-nous le « procès du singe » (Scopes Monkey Trial) qui s’est déroulé du 10 au 21 juillet 1925 à Dayton, Tennessee (USA). Il opposait les fondamentalistes chrétiens aux libéraux. Le jugement vit la condamnation de John Thomas Scopes, professeur de l’école publique de Dayton, soutenu par l’Union américaine pour les libertés civiles, au versement d’une amende de 100 dollars pour avoir enseigné la théorie de l’évolution à ses élèves, en dépit d’une loi de l’Etat de Tennessee (Bulter Act) interdisant aux enseignants de rejeter « l’histoire de la création divine de l’homme, telle qu »elle est enseignée dans la Bible ».
Actuellement, nous assistons à une reprise de ce genre d’argument en faveur d’une création divine de l’homme par le biais de deux courants. L’un est celui de l’intégrisme pur et dur défendu par des individus comme Harun Yahya avec son « Atlas de la création », pour qui tous les maux de la terre sont dus au darwinisme ; l’autre, plus subtil, se cache derrière une pseudo attitude scientifique avec le dessein intelligent auquel participe des scientifiques de renom. Ce dernier courant ne rejette pas l’évolution mais renie le rôle de la contingence pour la remplacer par un déterminisme émanant d’une entité extérieure à la nature.
A nous de prendre garde et de réagir en conséquence.
Charles Darwin s’éteindra le 19 avril 1882.
La Rédaction
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 26 autres membres