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Qu'est-ce qui pousse l'être humain à agir de la sorte ?

Qu’est-ce qui pousse l’être humain à agir de la sorte ?

 

Le temps des vacances est un temps propice à la lecture, bien que je lise énormément le restant de l’année. Mais le choix des œuvres varie car je cherche des sujets plus abordables, moins abstraits, plus distrayants, pas toujours comme vous le verrez. Parmi les livres que j’ai dévorés durant ces mois d’été, j’ai constaté qu’il existait un point commun, bien que les genres soient totalement différents. Cette constante pourrait se formuler comme suit : « Homo sapiens est-elle la seule espèce qui présente des comportements aussi aberrants, passant du sublime, de l’abnégation la plus totale au mal le plus noir au point d’exterminer ses congénères ? »

Pour commencer, j’ai terminé la lecture d’un pavé, « J’ai serré la main du diable »[1], journal du général Roméo Dallaire, en charge des forces de maintien de la paix de l’ONU au Rwanda, durant le génocide. Ce livre a provoqué en moi une suite de sentiments contradictoires, passant de la révolte et du dégoût le plus profond à l’admiration sans réserve pour ce militaire qui en dépit de toutes les difficultés rencontrées a essayé de poursuivre sa mission. Il raconte les nombreux avatars par lesquels il est passé : le défilement des responsables de l’ONU, l’aveuglement et le non engagement des grandes puissances (U.S.A., Grande-Bretagne…), le soutient inconditionnel de la France pour les génocidaires Hutu. Tiraillé entre toutes les parties en présence, Dallaire a assisté impuissant au massacre sans pouvoir intervenir, n’ayant ni le mandat, ni les moyens financiers et matériels, malgré ses nombreux rapports et appels au secours. L’indifférence générale est responsable de près d’un million de morts ! Il y a laissé son âme et sa santé et dû être rapatrié dans son pays le Canada, étant atteint du syndrome de stress post-traumatique.

Dans un genre totalement différent, je me suis à la lecture des romans de Patricia Cornwell[2]. Cette américaine s’est fait une spécialité des thrillers. Elle y décortique par le menu les crimes de tueurs en série particulièrement pervers et décrit avec une précision toute clinique le travail de son héroïne Scarpetta, médecin légiste à la morgue de Richmond, capitale de la Virginie. Là encore il est difficile d’admettre que des êtres humains puissent être capable d’une telle barbarie.

Venons-en à des choses plus réjouissantes, avec l’autre face d’Homo sapiens. Autre ouvrage lu durant ces vacances : « Comment devient-on amoureux ? »[3] par Lucy Vincent, docteur en neurosciences. Cette scientifique, d’une façon simple et claire, montre que l’amour est « le meilleur tour de magie inventé par l’évolution ». Elle nous dévoile le mystère de ce sentiment si fort et si agréable qui peut nous bouleverser totalement en nous parlant avec tendresse et humour du rôle des hormones, des phéromones et des neurotransmetteurs qui nous poussent à rechercher l’âme sœur. Elle nous réconcilie avec l’être humain si proche de ses frères animaux.

Dernier bouquin et non des moindres, « La vie est une fable »[4] écrit par Jean-Didier Vincent, l’époux de la précédente et également neurobiologiste. Décidément l’humour est de mise dans la famille. Il nous conte dans un style cocasse sa propre aventure depuis sa conception due à la rencontre fortuite de deux être humains, ses parents, jusqu’à l’âge adulte en faisant le parallèle avec celle de l’évolution depuis les premiers signes de vie et l’apparition des tétrapodes. Il y fait également intervenir la contingence, sujet abordé lors de l’éditorial précédent. Je le cite : « Maintenant ; si on additionne la faible probabilité d’une rencontre matrimoniale entre mes parents et la chance infinitésimale que le spermatozoïde qui portait la demi-part paternelle de mon génome se joignît à la demi-part maternelle contenue dans l’ovule dit de Versailles [NDLR : c’est sur la moquette d’une chambre d’hôtel à Versailles qu’il fut conçu !], on peut logiquement conclure que ma vie est un produit extrêmement improbable du hasard. Mais pas seulement ma vie : toute la vie ! »

A méditer !

Robert Six

 
Ce texte servit d'éditorial au Bulletin du G.E.S.T. de septembre 2004.

[1]              Dallaire R. – J’ai serré la main du diable. La faillite de l’humanité au Rwanda, Libre Expression, 2003.

[2]              Cornwell P. – Post Mortem, Le Livre de Poche n° 7632, 1995, et Morts en eaux troubles, Le Livre de Poche n° 17032, 2004.

[3]              Vincent L. – Comment devient-on amoureux ?, Odile Jacob, 2004.

[4]              Vincent J.-D. – La vie est une fable, Odile Jacob, 1998.



15/02/2009
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