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L'Evolution - Histoire et controverses

Buican Denis, Grimoult Cédric (2011) – L’Evolution – Histoire et controverses, CNRS Editions (lecture, novenbre 2011).

Avant de faire la recension de l’ouvrage, je pense utile de présenter les deux auteurs de celui-ci.

 

Denis Buican, Dumitru Peligrad selon son nom d'origine roumaine, est né le 21 décembre 1934 à Bucarest. Il est biologiste, philosophe et historien des sciences.

Pionnier de la radiogénétique en Roumanie (ses premières études portent sur l'influence de l'électricité sur la vie des plantes), ingénieur agronome (1956), docteur en génétique (1961), puis professeur à l'Université de Bucarest, il combat les théories de Lyssenko, imposées dans les Etats communistes à partir de 1948 (ses laboratoires sont détruits à trois reprises et lui-même banni de l'université à la fin des années 1950). Dans son premier livre, publié en roumain en 1969, Biologie générale, génétique et amélioration, Denis Buican n'hésite pas à s'attaquer au lyssenkisme officiel.

Fuyant la dictature communiste, il s'installe à Paris en 1969, à l'occasion d'un congrès international. Naturalisé français en 1972, il entreprend une œuvre d'historien et de philosophe des sciences, matérialisée par sa thèse d'État (1983) : Histoire de la génétique et de l'évolutionnisme en France. En 1989, son livre La révolution de l'évolution obtient un Grand Prix de l'Académie française. En 1997, il préside la section « Biologie et sciences médicales » du XXe Congrès international d'Histoire des Sciences (Liège, Belgique).

Professeur d'histoire des sciences à l'Université Paris-X Nanterre (1983-2003), il est l'auteur d'une nouvelle théorie de l'évolution, la théorie synergétique de l'évolution. Il a également élaboré une nouvelle théorie de la connaissance, la biognoséologie.

 

Cédric Grimoult est professeur agrégé d’histoire, docteur en lettres et sciences humaines. Il enseigne à l’Université Paris-X Nanterre depuis 1997. Il l’auteur de plusieurs livres de référence, concernant la dynamique et la philosophie des idées scientifiques, notamment de « Evolutionnisme et fixisme en France : histoire d’un combat (1880-1882) »,  publié au CNRS.

 

Est-ce un nouvel ouvrage sur l’évolution de l’évolutionnisme comme tant d’autres ? Que présente-t-il de particulier par rapport à l’ensemble de la littérature sur le sujet ? Comme les auteurs l’annonce dans leur avant-propos, l’ouvrage présente l’histoire de l’évolutionnisme « à la lumière de la théorie synergique […], une nouvelle théorie qui prolonge et étend les éléments majeurs du darwinisme à tous les niveaux d’intégration du vivant : moléculaire, cellulaire, individuel, populationnel, parmi les plus importants. La sélection doit désormais être considérée comme multipolaire […]. »

Cette théorie, développée par Denis Buican, entend actualiser et complèter la théorie synthétique qui pris naissance au cours des années 1930 et 1940.

Pour rappel, la théorie synthétique de l’évolution constitue le cadre conceptuel largement utilisé dans l’étude scientifique des processus d’évolution en biologie. Elle intègre la théorie de l’hérédité mendélienne et la génétique des populations à la théorie darwinienne.

Dans les cinq premiers chapitres, les auteurs retracent l’histoire des théories de l’évolution en mettant en évidence les ressorts idéologiques et politiques qui sous-tentent celles-ci, et en démontrant que, « si l’évolution est un fait concret, les théories qui en rendent compte sont toujours perfectibles en fonction des avancées et découvertes scientifiques ». Un des points d’orgue de cette histoire, correspond à la théorie de l’évolutionnisme général basée sur la sélection naturelle, qui finit par s’imposer dans le milieu scintifique et dans l’opinion publique, grâce à Charles Darwin.

Le chapitre 6 touche à la science de l’hérédité avec la redécouverte des travaux de Mendel en 1900 et de la théorie chromosomique de Morgan. La génétique étudie la base biologique de tout changement évolutif et offre un socle pour la compréhension des mécanismes fondamentaux de la transformation des espèces.

Dans le chapitre suivant, ayant étudié les failles de la théorie synthétique, qui dominait dans les années 1950, Buican dévelope sa théorie synergique de l’évolution. La sélection naturelle mise en évidence par Darwin ne s’appliquant qu’au phénotype et certains phénomènes, comme les mutations létales, n’étant pas suffisamment pris en compte, il introduit « une notion nouvelle dans le processus héréditaire et évolutif : la pré-sélection génotypique », qui peut être définie « comme l’opération naturelle qui élimine à priori, au niveau du génotype, toute combinaison génétique ou toute mutation impropre à la survie de celui-ci ». La théorie synergique envisage une sélection multipolaire, capable de jouer à tous les niveaux du vivant, de l’atome à la société en passant par le génome et l’organisme.

Dans la logique de cette nouvelle théorie, si l’évolution des espèces n’est pas linéaire, mais buissonnante, il en est de même pour l’évolution des comportements, et de tout autre caractère.

Le reste de l’ouvrage s’attaque aux controverses héritées d’un dogmatisme figé qui ont trop souvent entravées la dynamique des théories évolutionnistes, que se soient des messianismes laïques comme le néolamarckisme tardif et le lyssenkisme, ou des doctrines pseudo-scientifique basées sur les dogmes bibliques, comme les créationnismes du XXe siècle et l’ « Intelligence Design » actuel.

D’une écriture souple et d’une lecture aisée, cet ouvrage est vivement conseillé. Il résume très bien l’évolution des idées sur l’évolutionnisme depuis les anciens Grecs jusqu’à nos jours. La partie un peu plus scientifique qui traite de l’hérédité et de la théorie synergique de l’évolution est d’un abord facile.

 

Sources :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Denis_Buican



11/01/2012
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