Sommaire du bulletin N° 158 - Novembre 2009
Chronologie courte ou longue ?
Steohen Jay Gould, ce biologiste évolutionniste, aujourd’hui malheureusement disparu, a écrit en 1987 un ouvrage intitulé « Time’s Arrow, Time’s Cycle » (traduit en français en 1990 sous le titre de « Aux racines du temps »[1]). Dans ce livre, il prend pour thème central le temps, celui qui passe, qui s’écoule. Le temps profond, comme il le nomme, c’est-à-dire le temps géologique.
« Le temps profond est si difficile à appréhender, si étranger à notre expérience de tous les jours qu’il demeure une énorme pierre d’achoppement pour notre entendement. Toute théorie sera taxée de révolutionnaire pour peu qu’elle remplace une fausse extrapolation par une juste transposition d’événements ordinaires dans la vaste durée »[2]..
Les opinions formulées à propos du temps profond ne sont pas innocentes, elles reflètent toute une philosophie qui peut marquer une époque. Durant une longue période de plusieurs siècles la chronologie courte imposée par les ecclésiastiques se réclame de la Bible. C’est le temps biblique qui, avec ses 6.000 ans, ne peut expliquer l’histoire de la Terre que par des faits miraculeux. James Hutton (1726-1797), introduit le concept de temps profond dans la pensée géologique britannique. Son système dérive de deux notions théoriques formulées à priori : processus cyclique et immensité du temps. Il introduit donc l’idée d’une chronologie longue.
« En d’autres termes, le temps cyclique est au cœur de la vision de Hutton ouvrant sur une théorie rationnelle de la Terre. Hutton a élaboré sa théorie en imposant à notre planète l’interprétation du temps cyclique la plus rigide et la plus intransigeante jamais soutenue par une géologue »[3]. Les événements se répètent après un cycle déterminé dont la fin peut être marquée par un cataclysme tel le Déluge.
Par contre, un autre géologue britannique, Charles Lyell (1797-1875), a une tout autre approche ; « pour lui, démêler la vérité géologique imposait qu’on s’en tînt strictement à une méthodologie ». Il se base sur les événements du présent pour expliquer ceux du passé ; c’est ce que l’on nommera uniformitarisme ou actualisme. Son œuvre majeure, « Principles of Geology » est l’exposé d’une vision du monde dont « la clé est la représentation d’un imposant temps cyclique, associant les deux principes de gradualisme et d’uniformité de l’état physique[4]. Il est également partisan de l’immensité des temps géologique ; et admet donc une chronologie longue.
L’article sur l’âge de la Terre tente, de manière historique, de montrer cette progression dans le passage d’une chronologie courte à une chronologie longue. En définitive, la découverte de la radioactivité permettra de clore le débat et d’obtenir une vision réelle de l’histoire de l’Univers et de la date de son origine.
En complément, nous donnons un extrait d’un ouvrage paru en 1872 qui montre qu’à cette époque, les tenants d’une chronologie courte ne lâchait pas prise et chose encore plus inquiétante, que cette élucubration est due à la plume d’un soi-disant ingénieux qui par principe devrait avoir un esprit cartésien et pragmatique.
Nous débutons ce bulletin par la deuxième partie de la petite introduction au pétrole. Dans celle-ci, l’auteur aborde les techniques de l’exploitation pétrolière et nous conduit à suivre les diverses phases depuis la prospection jusqu’au forage proprement dit, en nous révélant au passage quelques vérités pas toujours bonnes à entendre.
La Rédaction
[1] Gould S.J. (1990) – Aux Racines du temps, Grasset.
[2] Page 12 de l’opus cité
[3] Page 130 de l’opus cité
[4] Page 229 de l’opus cité
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